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lundi 2 janvier 2017

5 - La distance à l'autre. Printemps 2001


Albert Jacquart nous indique qu'un événement de la fin du 20 eme siècle a été la démonstration d'un continuum entre matière inerte, minérale et matière vivante. Nous commençons à comprendre la chimie de la vie. C'est formidable. Par contre il a besoin de croire (bien entendu je respecte entièrement cette croyance) qu'il y a une rupture entre l'animal et l'homme. Ce n'est pas mon avis. Nous appartenons à la terre et nous sommes faits des mêmes atomes de carbone que les arbres, arrangés différemment. J'ai toujours été étonné par le fait que certains puissent considérer d'une part les animaux, protégés et d'autre part la viande que l'on retrouve dans son assiette. Enfant j'ai assisté à l'exécution des poulets (par ma grand mère) des lapins (par mon père), exécution indispensable à la nourriture de ce prédateur omnivore que je suis. Après avoir élevé, aimé, sacrifié une quarantaine d'agneaux j'ai même fini par admettre que si il est nécessaire de les saigner, sans les assommer avant, pour qu'ils se vident bien de leurs sang pour que la viande se conserve et bien il faut le faire. Par contre, lorsque j'ai été amené à abattre des agnelles et m'apercevoir après coup qu'elles avaient déjà été fécondées et que le fœtus était visible alors la, la douleur était profonde. Dans ce sens je réprouve tout à fait l'Astrakan, vêtement fait de la peau d'agneaux pas encore nés. Moi, un homme, omnivore, je mange d'autres mammifères et donc je les tue ! comme ces animaux sont mes frères (je prétends qu'il y a continuité entre le mammifère et l'homme) on pourrait m'accuser d'être fratricide : Ma réponse : c'est une question de distance. Il est vrai que j'aurai du mal à manger spontanément du chimpanzé, mais je laisse les chinois manger du Saint Bernard, étonné qu'ils les fassent souffrir pour attendrir la viande ! Nous gavons bien oies et canards ! Nous n'imaginons pas les hindoues partir en croisades pour nous empêcher de manger des bovins. Nous avons déjà fait assez de croisades dans le passé.
Le chimpanzé est plus prêt génétiquement de nous que le lapin. Nous sommes programmés pour la compétition de la survie des espèces. Pour qu'une espèce survive il est préférable que les membres ne se dévorent pas entre eux. C'est donc bien une question de distance. Il y a moi, puis autour de moi mes proches, puis d'autres plus éloignés ainsi de suite en ronds concentriques dans une parfaite continuité jusqu'à la plus lointaine des cellules vivantes et plus loin encore le moindre cailloux ou molécule. Je suis pratiquement persuadé que les animaux peuvent avoir des sentiments. Ce point de vue a des conséquences sur la vie courante ou le débat politique. La distance cela peut être la culture plus que la couleur de la peau ou bien la langue plutôt que les habitudes alimentaires.
Il parait que chez les fourmis l'être vivant c'est la fourmilière, que la fourmis n'est qu'une cellule. Je suis peut être très individualiste mais je souhaite vivre dans mon entité physique et intellectuelle mais je ne souhaite pas que la ville me phagocyte c'est la raison pour laquelle je souhaite plus d'indépendance de l'individu vis à vis de la société.

Bruno Chaumontet Printemps 2001

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