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vendredi 6 janvier 2017

Dépistage du cancer de la prostate - Témoignage d'un patient


Il y a eu probablement des excès ! On a peut être enlevé des prostates sans réel bénéfice.
Faut il partir dans l'autre sens et supprimer tout dépistage du cancer de la prostate ?
Parce que certaines études statistiques montrent que l'espérance de vie d'une population soumise au dépistage n'est pas plus importante que celle d'une population non dépistée ! et surtout que le dépistage entraîne des interventions qui nuisent à la qualité de la vie !
Comme toujours la décision d'une intervention doit être minutieusement pesée.
Je voudrais juste témoigner de la façon dont j'ai été traité ...et les conclusions que j'en tire.
Je suis né en 1951 et je n'ai jamais eu de symptômes.

  1. - 06/05/99  Contrôle de routine : PSA : 6,23 ng/ml
  2. - 22/06/00  PSA : 9,19 ng/ml et PSA libre / PSA total : 8 %
  3.  - 05/01/01 PSA : 8,38 ng/ml et PSA libre / PSA total : 8 %
  4.  - 08/01/01 Echographie : aspect habituel, parfaitement souple, absence d’effraction pariétale, absence d'ébauche d'adénome, Volume 24 ml.
  5.  - 19/10/01 PSA : 11,89 ng/ml et PSA libre / PSA total : 8 %
  6.  - 01/08/02 PSA : 14,7 ng/ml et PSA libre / PSA total : 5,2 %
  7.  - 04/04/03 PSA : 17,4 ng/ml le toucher rectal est toujours normal, aucun symptôme
  8.  - 16/04/03 Biopsie : Sur 6 prélèvement 5 font apparaître un adénocarcinome moyennement à peu différencié Score de Gleason 4+3
  9.  - 30/05/03 Scintigraphie osseuse : RAS
  10.  - 13/06/03 Prostatectomie radicale : Adénocarcinome bilatéral Score de Gleason 4+3 et de stade pT2b N0 . Les tranches de section chirurgicales passent en zone saine ( > 1 mm )
L'incontinence urinaire a disparu au bout de 15 jours et les érections sont revenues au bout de 9 mois.
12 ans après la prostatectomie le taux de PSA a redécollé avec un doublement tous les 23 mois, 0,34 ng/ml à l'heure actuelle. Il s'agit probablement d'une récidive locale que je n'envisage pas de traiter pour l'instant.
La décision de prostatectomie a été prise en pleine connaissance des risques et surtout après un cheminement de près de 4 ans en plus de 10 étapes !
Aujourd'hui je mets quiconque au défi de m'affirmer que sans cette démarche je serais encore vivant.
Ce n'est pas parce qu'il y a des fous du bistouri ou des rayons qu'il faut se priver du dépistage par le PSA ( j'en connais bien les défauts, faux positifs, faux négatifs etc ....)
La biopsie (premier acte invasif) a été décidée au bout de 4 ans avec un doublement du taux de PSA en 2 ans environ et surtout un rapport libre/total défavorable. Le score de Gleason 4+3 a confirmé la nécessité d'agir.
Je conçois que dans certains cas moins évidents la décision soit plus difficile à prendre, mais ce n'est pas parce que  nous sommes d'une génération ou le mot "cancer" fait peur qu'il faut priver les gens raisonnables d'un moyen de diagnostic irremplaçable.
Je comprends qu'il soit difficile pour un médecin d'indiquer au patient : "Vous avez peut être un cancer" "Qu'est ce que l'on fait alors ?" "Rien on attend".
J' ai attendu 4 ans avec cette incertitude, si le temps de doublement avait été plus long, si le rapport libre/total avait été supérieur à 20% , si j'étais plus vieux, on ne serait certainement pas allé jusqu'aux biopsies. 
En 1999, décider d'une prostatectomie (ou tout autre traitement) aux vues d'un taux de PSA très largement supérieur au maximum admis, du fait de la peur du "cancer", aurait été une erreur.
Mais ne pas faire ce dépistage ou ne pas poursuivre la démarche c'était me condamner. 
Il est probable que des erreurs de sur-traitement aient été commises dans le passé. Dans ces conditions les études statistiques peuvent faire douter de l'intérêt du dépistage. 

Ma conclusion est : faites vous dépister, surtout si vous avez des antécédents familiaux (à partir de 45 ans), mais admettez ne pas savoir rapidement, peut être ne jamais savoir ... de toute façon un homme sur deux meurt avec un cancer de la prostate. (avec un, mais pas d'un).

Grille de lecture :
Voilà dit avec mes mots de profane ce que j'ai compris:
- Le taux de PSA mesuré à partir d'une simple prise de sang détermine l'activité de la prostate.
- Il peut s'élever par une prostatite, un toucher rectal, un rapport sexuel. Il faut donc faire plusieurs mesuresv espacées de plusieurs mois.
- Les valeurs normales évoluent très largement avec l'age. < 2,5 ng/ml avant 50 ans et < 6,5 ng/ml avant 80 ans)
- La vitesse de doublement du taux de PSA détermine le risque de dangerosité. Un doublement en moins de 18 mois fait craindre une évolution métastasique. Par opposition une évolution lente peut faire espérer un adénome bénin.
- Le rapport libre/total inférieur à 20% peut également prédire un adénocarcinome (cancer évoluant vers des métastases).
- Le score de Gleason < 7 est plutôt de bon pronostic alors que >= 7 de mauvais pronostic.

Pour une communication plus scientifique voir le document de l'Association Française d'Urologie.


Bruno Chaumontet
le 06/01/2017

1 commentaire:

  1. merci de ton commentaire Bruno
    je suis passé sur le billard fin juillet 2016 mai voila toujours de l'incontinence 9 mois après

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